Le tour du monde des vulnérables
Une Odyssée en 10 épisodes
à la découverte des pouvoirs de la vulnérabilité
- EPISODE 1 -
NOUS NE SOMMES PAS DES HEROS
Bienvenue à bord du Tour du Monde des Vulnérables : chaque semaine, une navigation en 3 temps pour explorer les pouvoirs de la vulnérabilité.
Durée : 7 min
Comprendre
Un récit et des théories pour comprendre les bases
Ressentir
Un témoignage inspirant à regarder ou écouter
Expérimenter
Des expériences pratiques pour passer à l’action
VOTRE PROGRESSION
Inscrivez-vous pour ne pas manquer le prochain épisode !
Dimanche dernier, les 40 skippers du Vendée Globe se sont élancés pour un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale ni ravitaillement. Pendant 70 à 100 jours, ils vont évoluer dans les mers les plus redoutées de la planète, seuls sur leur bateau, quasiment sans possibilité d’assistance.
Oui, parce que quand on se retrouve là, par exemple…
Ça, c'est le point Nemo : l'endroit de l'océan le plus éloigné de toute terre.
Eh bien, quand on se retrouve là, les personnes les plus proches de vous, ce sont les autres marins… et les astronautes. Quant aux secours ? Il peut leur falloir plus d’une semaine pour venir vous chercher.
Vu comme ça, difficile de dire que le Vendée Globe n’est pas un vrai truc de héros. Non ?
Des actes héroïques, il y en a eu sur le Vendée. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un, ce serait peut-être l’histoire d’Yves Parlier.
Vendée Globe 2000. Quelque part au large des Kerguelen, Yves Parlier est en tête. Une nuit, un choc violent le projette à l’autre bout de sa cabine. Sonné, il monte sur le pont et découvre sa voile gisant par-dessus bord…
Son mât s’est brisé.
Pour réparer un mât, d’habitude, il faut une grue, quatre ou cinq personnes, et de préférence un bateau hors de l’eau. Et pourtant. Yves Parlier décide de réparer. Tout seul.
Il file s’abriter dans une petite crique au large de la Nouvelle-Zélande et bricole un gréement de fortune avec les moyens de bord. Il repart, puis retrouvera les Sables d’Olonne après 126 jours de navigation à s’être nourri d’algues ou de plancton…
Et voici ce que le public voit arriver :
Mât recollé avec 200g de colle
Four réalisé avec un moignon de mât, un réchaud et des couvertures de survie
Marin nourri de plancton et au ragoût d’algues
Filet pour attraper des poissons volants
Pourquoi on raconte ça ? Parce qu’à son arrivée, Yves Parlier a beau n’être que 13e sur les 15 bateaux encore en course, il est acclamé en héros. On le présente comme un warrior, un héros invulnérable qui viendrait à bout de toutes les embûches.
Sauf qu’il y a en réalité deux manières de raconter cette histoire.
Le loup de mer
le Marin résilient
Car au final, la question que pose cette histoire, la voilà : qu’est-ce qu’un héros ? Rien qu’à l’échelle de notre vie, la définition évolue déjà pas mal…
- Nos héros d’enfance : Superman, Totally Spies, Barbie, Sangoku…
- Nos héros d’adulte : Gandhi, Marie Curie, Beyoncé, Wembanyama…
Mais la définition du héros a aussi évolué au cours de l’histoire, depuis les Hercule et autres Ulysse de la Grèce antique jusqu’aux héros Marvel des blockbusters d’aujourd’hui…
Alors en fait, autant vous demander votre avis…
Si, dans l’imaginaire commun, les héros sont associés à l’invulnérabilité, dans la vraie vie, les héros qu’on admire ont souvent des failles qui ne les rendent que plus héroïques.
C’est d’ailleurs le cas des super-héros Marvel :
- Batman : il devient justicier après l’assassinat de ses parents
- Daredevil : sa cécité lui permet de développer des super-pouvoirs
- Ironman : menacé par des éclats de métal près de son coeur, il s’invente une armure super-puissante
- Spiderman : rongé par le remords d’avoir laissé échappé un criminel qui assassine son oncle, il devient justicier
Sauf qu’en général, on ne se focalise que sur les réussites de nos héros. Et on oublie soigneusement leurs failles – sans lesquelles leurs accomplissements n’ont pourtant aucun sens.
Alors il est peut-être temps de réviser notre définition de l’héroïsme…
Héros = personne invulnérable
Héros = personne qui a accepté sa vulnérabilité
Selon cette définition, les skippers du Vendée Globe sont-ils des héros ?
Le Vendée Globe est une expérience imprévisible et impossible à maîtriser. En partant, les skippers n’ont aucune idée de ce qu’il va se passer. Ou plutôt, ils savent une chose : il y aura forcément quelque chose qui tournera mal.
D’ailleurs, si les skippers devaient signer un contrat avant de s’engager sur le Vendée Globe, ça ressemblerait sans doute à quelque chose comme ça :
Car un héros, c’est avant tout quelqu’un qui connaît sa vulnérabilité et en a fait une force.
Pour reprendre une expression connue, les vrais héros sont courageux, mais pas téméraires. Si besoin, voici un petit rappel de la différence.
Témérité
TÉMÉRITÉ
Courage
courage
Et comme le dit très joliment Isabelle Autissier, un héros, ce n’est pas quelqu’un qui pense n’avoir aucune limite – mais quelqu’un qui a décidé de les explorer.
Derrière tout ceci, il y a une question fondamentale, qui est l’objet même de ce Tour du Monde des Vulnérables (car oui, il était peut-être temps qu’on y vienne) : il faut radicalement transformer notre regard sur la vulnérabilité.
La vulnérabilité a une connotation négative pour 84 % des Français. Quand on dit “les vulnérables”, on pense immédiatement aux malades, aux personnes âgées, porteuses de handicaps, exclues ou isolées socialement…
Des catégories que nos imaginaires, qui ont tendance à fuir à tout prix la vulnérabilité, positionnent à l’opposé des modèles de nos héros inspirants.
C’est un peu scolaire, mais si on devait positionner sur un axe horizontal les « vulnérables », les héros et nous-mêmes, ça donnerait ça :
Sauf que là, déjà, il y a une grosse erreur de définition.
Fragile, faible, blessé, dans le langage courant, ces mots sont devenus très proches. Mais si on revient à l’étymologie, ils ont pourtant des significations bien différentes.
Vulnérable
Fragile
faible
Conclusion ? Que l’on soit en situation de fragilité ou qu’on soit un skipper du Vendée Globe, nous sommes tous vulnérables… et les héros parfois même un peu plus que nous.
Bien sûr, il faut tout de même faire la différence entre :
- l’expérience consentie de la vulnérabilité, comme celle des skippers du Vendée Globe ou des alpinistes, par exemple ;
- l’expérience subie de la vulnérabilité, comme celle des personnes atteintes de maladie, de handicap, exclues ou isolées, ou qui traversent des ruptures ou des deuils.
Mais si ces situations sont différentes, elles ont aussi des points communs : héros ou « vulnérables », toutes celles et ceux qui se confrontent directement à la vulnérabilité en sortent souvent « grandis ». Que l’on parle de sportifs de haut niveau, de malades du cancer ou même de parents ayant perdu des enfants, beaucoup en témoignent : bien accompagnées, ces épreuves sont source de souffrances, bien sûr, mais aussi d’immenses apprentissages.
Comme par exemple :
- Mieux se connaître
- Renforcer ses liens avec les autres
- Développer sa créativité
- S’engager pour le bien commun
Ces immenses apprentissages ? C’est bien ce qu’on espère vous transmettre au terme du voyage du Tour du Monde des Vulnérables.
Eric Loizeau : Les deux Everest
Il y a deux Everest. Le plus connu, le toit du monde, à la frontière népalo-chinoise. Et puis il y a le Vendée Globe, appelé aussi l’Everest des mers en raison de son niveau d’engagement et d’isolement. Recordman de l’Atlantique en solitaire, Eric Loizeau n’a pas conquis le Vendée Globe. Mais il est bien monté sur le toit du monde. Dans son témoignage, il nous explique comment son rapport à la vulnérabilité a été un moteur essentiel pour relever ces défis, des 40e rugissants jusqu’au sommet des dieux.
Vous préférez les podcasts ?
Le témoignage d’Eric Loizeau est aussi disponible au format audio :
« La connaissance s’apprend par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » disait Einstein.
Seule l’expérience transforme vraiment le coeur des hommes. Et vous aider à vous transformer, c’est bien notre ambition ! Chaque semaine, nous vous proposons une expérience pratique pour vous reconnecter à votre vulnérabilité ou à celle des autres.
Nous vous recommandons chaudement de jouer le jeu de ces expériences et de vous laisser surprendre par leurs effets. Nous vous proposerons chaque semaine, en début d’épisode, de partager avec nous vos ressentis.
Cette semaine, on commence en douceur…
Expérience 1 – la nature de l’admiration
- Un héros, c’est souvent quelqu’un qu’on admire. Mais est-ce leur force qui nous fait admirer les gens ? Choisissez 3 personnes que vous admirez particulièrement. Cela peut être des personnes célèbres, ou des membres de votre entourage. Prenez quelques minutes pour identifier les aspects qui vous inspirent et vous touchent particulièrement chez ces personnes.
- L’étape d’après ? Et si vous preniez le temps de les surprendre aujourd’hui en le leur disant ?
- La vulnérabilité n’est pas un sujet toujours facile à aborder. Saurez-vous assumer votre intérêt pour cette thématique ? On vous met au défi de partager cet article à 3 de vos proches. L’occasion de lancer la discussion, de pouvoir vivre ce parcours en collectif et de partager ensemble vos ressentis et apprentissages !
À VOIR
- Seul, de Pierre Isoard avec Samuel le Bihan : le film inspiré du livre d’Yves Parlier Robinson des mers du sud.
- 29 173 NM, de Romain De La Haye-Serafini, Vincent Bonnemazou : une immersion unique sur l’Imoca de Thomas Ruyant pendant le Vendée Globe 2020.
À ECOUTER
- Dans le creux de la vague, le récit du Vendée Globe 1996 d’Isabelle Autissier et la pire tempête qu’elle ait jamais traversé (Les Baladeurs)
- Un Homme à la mer, le témoignage VULNERABLE de Sam Goodchild
- Je ne veux pas obéir à mon mental, avec Clarisse Cremer (Les Lueurs)
- Naufragés des mers du Sud, secourir ou être secouru, telle est la question de Jean Le Cam (Les Baladeurs)
- La Coque brisée, le témoignage VULNERABLE de Thomas Ruyant
À LIRE
- La Longue Route, de Bernard Moitessier
- Seul autour du monde, bande dessinée d’Alexandre Chenet et Renaud Garreta
- Robinsons des mers, d’Yves Parlier
"Faire le tour du monde, c’est faire le tour de soi-même."
C’est ce que disent les marins, et c’est tout l’objet du voyage du Tour du Monde des Vulnérables.
Ce qui vous attend la semaine prochaine :
On parlera de l’importance d’enlever son armure pour mieux se connaître, et on vous partagera le témoignage exclusif de Marie-Jo Pérec.
Pour lire l’épisode suivant ? Cliquez juste là :
Et d’ici là…
Pas encore inscrit ? Inscrivez-vous ci-dessous pour ne pas manquer les prochains épisodes du Tour du Monde des Vulnérables :