Le tour du monde des vulnérables
Une Odyssée en 10 épisodes
à la découverte des pouvoirs de la vulnérabilité
- EPISODE 3 -
LA TACTIQUE DES MANCHOTS
Bienvenue à bord du Tour du Monde des Vulnérables : chaque semaine, une navigation en 3 temps pour explorer les pouvoirs de la vulnérabilité.
Durée : 30 min (dont 7 de lecture), avec le grand témoignage d'Eric Devillers
Comprendre
Un récit et des théories pour comprendre les bases
Ressentir
Un témoignage inspirant à regarder ou écouter
Expérimenter
Des expériences pratiques pour passer à l’action
VOTRE PROGRESSION : 3/10
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Bienvenue sur le Tour du Monde des Vulnérables ! Ce Tour du Monde, c’est comme une série Netflix : il vaut mieux commencer par le premier épisode.
Si vous avez manqué le début, c’est par ici.
À l’approche du pôle sud, gare aux icebergs ! Même si le Vendée Globe est une course autour de l’Antarctique, les skippers n’en apercevront sans doute jamais les côtes, bien trop dangereuses.
Et c’est dommage : s’ils s’approchaient un peu de la banquise, peut-être apercevraient-ils, à la jumelle, un des plus jolis spectacles de la nature.
Quand le blizzard souffle, les animaux doivent s’adapter. Notamment les manchots, dont le nid à même le sol n’offre aucun abri contre les conditions extérieures.
Alors quand il fait froid, une seule solution : se presser les uns contre les autres.
Cliquez sur les flèches pour sauver les manchots
Mais de temps à autre, un manchot oublie le froid et s’éloigne du groupe. Parfois, il survit. Mais la plupart du temps, il succombe…
Le rapport entre les manchots et notre Tour du Monde ? C’est que, face à une expérience de vulnérabilité, les manchots se rapprochent les uns des autres pour se réchauffer.
Mais chez les humains, cela va encore plus loin : la vulnérabilité est le seul moyen de vraiment rencontrer l’autre et de créer des connexions sincères et authentiques.
Et si les liens tissés grâce à nos vulnérabilités étaient les plus forts ?
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LE DEUXIEME POUVOIR : LA CREATION DE LIENS
Quand on parle de vulnérabilité, on pense souvent isolement, détresse. Et pourtant, elle peut aussi générer exactement l’inverse.
Revenons un instant sur le Vendée Globe. Oui, c’est un tour du monde en solitaire. Mais même s’ils sont loin de la civilisation, les skippers ne sont jamais tout à fait seuls.
Répartition géographique des célèbres populations atlantiques
Les skippers du Vendée Globe appartiennent à une flotte. Ils sont seuls… mais ensemble.
Soumis à la météo, à la fatigue, à la casse, privés de leurs proches, ils sont bien évidemment vulnérables. Mais cette vulnérabilité est partagée : en cas de pépin, ils savent qu’ils pourront compter les uns sur les autres.
La légende du Vendée Globe est pleine de ces histoires :
Une fois le camarade secouru ? Une autre aventure commence. À deux sur un bateau, il faut développer de nouveaux liens, et partager ce qu’au départ on voulait garder pour soi.
À chaque fois, ces aventures créent entre les protagonistes des liens éminemment puissants… car réciproques. Entre marins, on s’aide sans attendre quoi que ce soit en retour – mais confiant que l’aide arrivera quand on en aura besoin.
Mais nous, à Terre ? Quand pouvons-nous dire qu’il en va de même ? Quand acceptons-nous de partager notre vulnérabilité pour créer des liens avec les autres ?
Toutes proportions gardées, la manière dont l’expérience de vulnérabilité relie les skippers pourrait être comparée à d’autres :
- personnes qui traversent un deuil et se serrent les coudes
- malades d’un cancer qui échangent entre eux
- personnes ayant connu une rupture traumatique qui partagent leur expérience
Ces croisements de vulnérabilité peuvent aussi surgir de manière beaucoup plus inattendue, voire poétique, parfois même au coin de la rue…
C’est ce que raconte notre Grand Temoin de la semaine, Eric Devillers, devenu président du Comité de la Rue d’Entourage (l’association qui aide les personnes en grande exclusion à retisser des réseaux de soutien) après avoir vécu 10 ans dans la rue :
Avant de partir, il m'a dit : "merci docteur".»
Retrouvez le témoignage complet d’Eric Devillers dans la partie « Ressentir » de ce module.
Partager une situation de vulnérabilité relie. Mais comment créer du lien avec celles et ceux qui ne traversent pas les mêmes épreuves ?
Pour ça, il faut accepter d’accueillir la vulnérabilité des autres… pour, progressivement, changer son regard.
La bonne nouvelle ? C’est que, petit à petit, les vulnérabilités sont de plus en plus représentées – notamment sur nos écrans. Il suffit pour ça de regarder le box office :
Plus récemment, il y a eu l’énorme succès des Jeux Paralympiques, regardés par 49 millions de Français. Tiens d’ailleurs, savez-vous d’où vient le nom “paralympiques” ?
Au-delà d’être vues, nos vulnérabilités sont aussi de plus en plus souvent discutées ouvertement. Même s’il reste beaucoup à faire sur certains sujets (addiction, schizophrénie, bipolarité, autisme, handicaps mentaux, entre autres…), les tabous tombent et la parole se libère.
On vous a fait une sélection de nos préférés à retrouver un peu plus bas, dans la médiathèque 🙂
Rendues visibles, on réalise aussi que ces vulnérabilités nous touchent de près ou de loin… et que nous sommes toutes et tous concernés.
La preuve en quelques chiffres :
La rencontre avec les plus vulnérables est souvent une expérience transformante.
Mais entre écouter la vulnérabilité de l’autre et dévoiler la sienne, il y a un monde.
Et pourtant : oser se montrer tel que l’on est, sans son armure (voir l’épisode précédent), c’est le meilleur moyen de créer une connexion authentique et sincère avec autrui.
En 1997, le professeur Arthur Aron a procédé à une expérience devenue célèbre. Il a invité des inconnus à se rencontrer pendant 45 minutes dans un petit box clos. Là, les participants devaient suivre une liste de questions – 36, pour être précis.
En voilà un aperçu :
Le but de ce questionnaire : amener les participants, progressivement, à dévoiler à l’autre leur vulnérabilité.
À l’issue de l’exercice, ils devaient évaluer leur proximité avec une personne que, 45 minutes plutôt, ils ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam… Et les résultats étaient éloquents : le partage de vulnérabilité était de loin le moyen le plus puissant de se lier à autrui.
La biologie, elle aussi, regorge d’exemples d’associations puissantes basées sur la vulnérabilité partagée :
Certaines de ces coopérations improbables peuvent avoir des effets inattendus… mais extrêmement puissants. Par exemple ? c’est grâce à l’association d’un champignon et d’une algue que la vie sur terre est apparue, avec les premiers végétaux.
Ce qui nous amène précisément au thème du prochain module : en nous ouvrant à l’autre, la vulnérabilité est source de liens, mais aussi d’inspiration, création et innovation.
Si, dans la Nature, la vulnérabilité crée des symbioses, elle crée chez les humains des symphonies.
Alors, faut-il avoir honte de montrer sa vulnérabilité ? Non, car c’est le moyen le plus puissant de se lier à l’autre. Et, si vous vous demandez si l’autre est prêt à recevoir votre témoignage, dites-vous que le partage est aussi une manière de valoriser l’autre :
Partager sa vulnérabilité, c’est ouvrir la porte d’une relation. C’est développer son empathie et nourrir celle de l’autre. C’est amorcer un cercle vertueux qui génère de plus en plus d’intimité et de confiance. Pour ça, il faut néanmoins une chose : avoir le courage de faire le premier pas. Et de laisser entrer le premier rai de lumière…
Car comme disait Léonard Cohen :
Comme chaque semaine dans le Tour du Monde des Vulnérables, découvrez les récits de nos grands témoins dans « Ressentir », puis apprenez à partager vos vulnérabilités dans « Expérimenter ».
On enchaîne ?
ERIC DEVILLERS : L'école de la rue
Après un burn out en Belgique, Eric plaque tout pour venir en France. Il passera les 10 premières années dans la rue. Une expérience qu’il n’oubliera jamais, et comme il le répète, qui peut arriver à tout le monde. Il sort de la rue en 2021, après une série de rencontres décisives. Convaincu que, face aux difficultés, l’entraide est le seul rempart, il se bat aujourd’hui en aidant les plus vulnérables à retrouver du lien, via l’association Entourage.
Vous préférez les podcasts ?
Le témoignage de Eric Devillers est aussi disponible au format audio :
« La connaissance s’apprend par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » disait Einstein.
Seule l’expérience transforme vraiment le coeur des hommes. Et vous aider à vous transformer, c’est bien notre ambition !
Chaque semaine, nous vous proposons une expérience pratique pour vous reconnecter à votre vulnérabilité ou à celle des autres.
La semaine dernière, on vous a proposé de réaliser votre CV des échecs. Qu’en avez-vous pensé ?
Dites-nous tout en cliquant ici.
LES 36 QUESTIONS POUR CREER DE L'INTIMITE
Dans l’expérience d’Arthur Aron, les 36 questions servaient à générer de l’intimité entre deux inconnus.
Et si, cette semaine, vous tentiez l’expérience ? Avec un proche ou une personne moins proche ?
Après le CV des échecs la semaine passée, pour l’expérience de cette semaine, on vous invite à un exercice plus intime, à réaliser chez vous : suivre les questionnaire des 36 questions avec votre partenaire, un ami, membre de votre famille, ou collègue.
Faites l’exercice, et découvrez comment le partage de vulnérabilité peut resserrer encore davantage des liens déjà puissants.
Le projet Entourage vous a touché ? Voici deux manières d’agir avec eux :
– Soutenez le combat d’Eric en faisant un don à l’association
-Passez un moment convivial avec une personne en situation d’exclusion et laissez-vous transformer. Toutes les infos ici.
On vous souhaite de jolis moments de vulnérabilité partagée !
À VOIR
- Les rencontres du Papotin, interview de personnalités par des journalistes atypiques.
- Nus et Culottés, où l’illustration littérale de la manière dont se mettre à nu peut créer du lien.
- Intouchables, de Nakache et Toledano.
- Rendez-vous en Terre Inconnue, ou aller à la rencontre de l’autre pour mieux se découvrir soi.
- Nouvelle Cordée, documentaire racontant l’expérimentation « Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée » dans les Deux-Sèvres.
À ECOUTER
- Loin des yeux, loin du care, le podcast d’Eva Sadoun
- Ma vie face au cancer, récit poignant du combat d’une journaliste de Radio France.
À LIRE
- 36 questions that lead to love, l’article célèbre du New York Times sur l’expérience d’Arthur Aron
- La Puissance des liens, hors-série du journal Le Monde
- Le Club des incorrigibles optimistes, de Jean-Michel Guenassia
"Faire le tour du monde, c’est faire le tour de soi-même."
C’est ce que disent les marins, et c’est tout l’objet du voyage du Tour du Monde des Vulnérables.
Ce qui vous attend la semaine prochaine :
On parlera du troisième pouvoir de la vulnérabilité et sa capacité à nous inspirer et à nous reconnecter à l’environnement autour de nous.
À la semaine prochaine, et d’ici là…
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