Le tour du monde des vulnérables

Une Odyssée en 10 épisodes
à la découverte des pouvoirs de la vulnérabilité

- EPISODE 9 -
Les entreprises vulnérables

Comprendre

Un récit et des théories pour comprendre les bases

Ressentir

Un témoignage inspirant à regarder ou écouter

Expérimenter

Des expériences pratiques pour passer à l’action

Bienvenue à bord du Tour du Monde des Vulnérables : chaque semaine, une navigation en 3 temps pour explorer les pouvoirs de la vulnérabilité.

Durée : 25 min (dont 7 de lecture), avec le grand témoignage de Jean-François Dufresne

VOTRE PROGRESSION : 9/10

Inscrivez-vous pour
ne pas manquer
le prochain épisode !

1
Comprendre
On pose les bases de la vulnérabilité

Bienvenue sur le Tour du Monde des Vulnérables ! Ce Tour du Monde, c’est comme une série Netflix : il vaut mieux commencer par le premier épisode.

Si vous avez manqué le début, c’est par ici

En piste ! Le module du jour commence en bord de stade, juste avant une petite séance de running. 

Après un court échauffement des articulations (évidemment), vous vous élancez, d’abord à petites foulées. Puis votre rythme cardiaque s’accélère, le rouge vous monte aux joues… De minute en minute, vous prenez le rythme. Le machine se met en marche, le corps s’installe dans la chorégraphie à la fois évidente et complexe des gestes de la course. Enhardi, vous allongez la foulée, poussez plus avant. Le cœur cogne plus fort, un léger point de tension raidit votre cuisse. L’acide lactique monte et là, patatras… c’est la crampe.

Et là… c’est le drame la crampe

La crampe, ennemi redouté du coureur, le grand fléau qui brise les rêves de marathons ou de performances à afficher fièrement sur Strava… 

Toute proportion gardée, on considère parfois les crampes de la même manière qu’on regarde la vulnérabilité. On y voit un mécanisme inutile qui limite nos rêves de vitesse, de succès et de grandeur. 

C’est bien évidemment tout le contraire. La crampe n’empêche pas la performance. Elle est là pour prévenir les risques de blessures à court terme, et donc sauvegarder l’intégrité du corps à long terme. La crampe, comme la vulnérabilité, est le garant d’une performance durable

C’est le cas dans de nombreux domaines, mais pour ce nouvel épisode du Tour du Monde des Vulnérables, on s’intéresse en particulier à la question de la vulnérabilité en entreprise. 

 

L'OCEAN VULNERABLE : LES ENTREPRISES VULNERABLES

Les détours par l’étymologie sont évidemment toujours utiles. Celle-ci nous rappelle par exemple que : 

  • « vulnerabilité » vient du latin vulnerare, et signifie “capacité à être blessé”
  • « travail » vient du latin tripalium qui est… un instrument de torture. 

« Et sinon comment ça va au boulot ? « 

Le monde du travail, une torture ? Même si c’est évidemment une exagération, il reste certain que les méthodes actuelles, fondées sur une recherche parfois aveugle de performance uniquement financière, produisent de plus en plus d’effets négatifs

Les indicateurs de bien-être, de fidélisation, d’absentéisme, d’accident du travail… ne cessent de se dégrader. La preuve en quelques chiffres : 

  • 🙋 Absentéisme : 4,55 % en 2018, 5,11 % en 2021, 5,64 % en 2023
  • ⚖️ Équilibre vie pro/vie perso : 68 % des salariés étaient satisfaits en 2019, contre 53 % en 2023
  • 🏃‍♂️ Taux d’engagement : 40 % des salariés se déclaraient fortement engagés en 2019, contre 30 % en 2023

Selon le baromètre VULNERABLE/IFOP, 24 % des Français auraient déjà connu un “burn out” à titre personnel, et 48 % d’entre eux s’y sentent exposés. Et pourtant, parallèlement, le monde du travail reste un univers où l’on trouve assez peu de soutien pour traverser ces moments de fragilité :

Les Français ayant été soutenus sur leur lieu de travail pendant une situation de fragilité : 

Parfois, on pourrait dire que le monde professionnel considère de la même manière les ressources humaines et les ressources naturelles : comme un combustible disponible en quantités quasiment illimitées.  

Pour aller plus loin ? Le modèle prête aux individus les mêmes qualités que celles des molécules de carbone : 

  • Similarité : les organisations sont composées d’individus identiques et interchangeables (mêmes diplômes, mêmes origines sociales, mêmes compétences)
  • Densité énergétique : chacun d’entre eux délivre un niveau attendu de “performance énergétique” 
  • Pilotabilité : le système homogène est à la fois très prévisible et facilement pilotable. 

Ce système cherche en fait à se tenir à l’abri de toute vulnérabiilité. Mais ce faisant, il se prive d’une immense richesse… 

Jean-François Dufresne avait une voie toute tracée. Grande école, carrière à vitesse grand V… Il progressait sur une voie où, comme il le dit lui-même, “on se regarde beaucoup le nombril’”. Jusqu’à ce que la naissance de son fils l’aide à changer de regard… et à regarder autrement. 

 

Quand je suis allé voir le directeur d'usine, il m'a dit : "pourquoi moi ?" »
Jean-François Dufresne

Depuis, Jean-François Dufresne s’implique pour faire évoluer la perception du rôle des plus vulnérables en entreprises, notamment avec son association VETA, qui favorise l’inclusion des personnes autistes en entreprise. Après des expériences chez Andros ou L’Oréal, le dispositif s’étend avec des résultats extrêmement positifs

Car les chiffres sont là. L’emploi des personnes en situation de handicap a bien un impact positif sur la performance :

  • Les 10% d’entreprises les plus inclusives présentent en moyenne un chiffre d’affaires, un revenu net et une marge/personne plus élevés
  • Amélioration globale du volume d’activité, du niveau de productivité
  • Diminution de l’absentéisme.

Au-delà des aspects financiers, la présence de travailleurs en situation de handicap impacte aussi positivement la performance sociale et organisationnelle, en contribuant à améliorer : 

  • Communication globale (par exemple pour intégrer un collaborateur mal entendant)
  • Cohésion interne des équipes 
  • Capacité d’innovation (grâce à la juxtaposition des points de vue et des profils),
  • Réactivité face aux aléas
  • Qualité de la production

Comment l’expliquer ? Les personnes les plus vulnérables ont souvent développé une grande capacité à naviguer dans l’incertitude ou à contourner des obstacles, ce qui les aide à proposer des approches originales pour résoudre des problèmes complexes et générer des innovations radicales. 

Et, du côté des collaborateurs “bien portants”, l’intégration de profils davantage exposés à la vulnérabilité favorise une culture d’empathie et de soutien mutuel, ce qui renforce l’esprit de collaboration et d’entraide – et favorise donc la performance globale de l’organisation. 

Que ce soit en entreprise ou dans la société, les personnes les plus vulnérables peuvent parfois être en entreprise ce que les objets kintsugi peuvent être à un vaisselier. Le kintsugi, c’est ce savoir-faire japonais qui consiste à réparer les objets brisés avec de l’or, les objets qui possèdent des failles peuvent parfois être encore plus précieux que les objets plus lisses.

Le kintsugi est peut-être une jolie illustration de la richesse des profils qui ont traversé des épreuves de vulnérabilité. Mais ça ne doit pas rester qu’une métaphore. Il faut complètement réécrire les pratiques et récits de nos organisations. Qui, plutôt que de rechercher l’homogénéité à tout prix, doivent s’ouvrir à la singularité. 

Et plutôt que de considérer les individus comme des molécules interchangeables, révéler et apprécier tout leur potentiel : 

  • Similarité => singularité qui nourrit la réflexion et la capacité d’innovation
  • Densité énergétique => flexibilité qui permet une gestion plus économe, plus efficace et plus respectueuse de la ressource humaine
  • Pilotabilité => réactivité plus propice à la gestion des temps de crises. 

Pour faire un parallèle énergétique, il s’agit de passer d’une énergie carbonée (stable mais non viable à long terme) à une énergie renouvelable (disponible de manière plus aléatoire mais soutenable à long terme). 

La prise en compte de la vulnérabilité en entreprise possède un autre avantage loin d’être négligeable : l’accompagnement des personnes en situation de fragilité. Lorsqu’un collaborateur ayant surmonté une difficulté (un cancer, un burn-out, un échec professionnel…) soutient un autre qui traverse une crise similaire, il apporte bien plus qu’un simple soutien technique : il offre une écoute unique, un partage des émotions, un témoignage et des méthodes de résilience. Cette dynamique renforce le collectif en créant un réseau d’entraide fondé sur la validation de la vulnérabilité, l’authenticité et la confiance.

Dans les entreprises, la vulnérabilité permet de transformer les expériences personnelles en ressources collectives, elle devient un catalyseur de nouveaux liens et d’innovations. Ce phénomène qu’on appelle la pair-aidance permet de démultiplier la force de la vulnérabilité – et ce d’autant plus qu’elle permet de relier des fragilités très différentes, entre personnes ayant traversé la dépression, le deuil, le harcèlement ou l’isolement social… En facilitant les comportements sociaux plus coopératifs, la pair-aidance permet aussi de soulager le manager et d’expérimenter des modèles de management plus transverses.

——-

Non seulement les entreprises ouvertes à la vulnérabilité seront plus efficaces, mais elles seront aussi plus respectueuses de l’humain. Fort heureusement, celles-ci sont de plus en plus nombreuses, comme en atteste l’essor des entreprises à missions et/ou du label B-Corp – des modèles qui, malgré leurs différences, ont en commun de vouloir intégrer la performance extra-financière dans leurs modèles. 

Que l’on parle d’énergie, de performance sportive ou bien économique ou sociale, il faut privilégier l’endurance plutôt que le sprint. En adoptant un mode de fonctionnement directement inspiré du vivant et de la vulnérabilité, les entreprises gagneront en plasticité et en adaptabilité, gage de performance durable, pour l’humain et la planète

Car notre planète est elle aussi vulnérable – ainsi que nous le verrons la semaine prochaine dans le tout dernier épisode de ce Tour du Monde des Vulnérables. 

 

Comme chaque semaine dans le Tour du Monde des Vulnérables, découvrez les récits de nos grands témoins dans « Ressentir », puis apprenez à partager vos vulnérabilités dans « Expérimenter ».

Alors, on continue ?

2
Ressentir
Un témoignage inspirant à regarder ou à écouter

Jean-FRANÇOIS DUFRESNE : LE FILS PRODIGE

Ancien directeur général chez Andros, Jean-François Dufresne avait un parcours tout tracé : grande école, carrière à vitesse grand V… Il progressait sur une voie où, comme il le dit lui-même, “on se regarde beaucoup le nombril’”. Puis l’arrivée de Luc, son fils autiste sévère, a bouleversé sa vie. Jean-François Dufresne nous explique comment la naissance de son fils l’a aidé à changer de perspective et à s’ouvrir au monde.

Retrouvez les histoires de tous nos grands témoins en version podcast sur notre page SoundCloud.

3
Expérimenter
Des expériences pratiques pour passer à l'action

« La connaissance s’apprend par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » disait Einstein.

Seule l’expérience transforme vraiment le coeur des hommes. Et vous aider à vous transformer, c’est bien notre ambition ! 

Chaque semaine, nous vous proposons une expérience pratique pour vous reconnecter à votre vulnérabilité ou à celle des autres. 

Avant tout : qu’avez-vous pensé de l’expérience de la semaine dernière ? Dites-nous tout en répondant à quelques questions juste ici.
 
C’est fait ? Alors il est temps de passer à l’expérience du jour… 
  
 
Affichez la vulnérabilité en entreprise !
 
S’il y a un endroit où la vulnérabilité est encore plus cachée qu’ailleurs, c’est bien dans le monde professionnel. Et c’est plus que dommage, car la prise en compte de la vulnérabilité est un immense levier de bien-être au travail ET de performance. 
 
Vous aussi, favorisez l’acceptation de la vulnérabilité sur votre lieu de travail en affichant le poster des 4 pouvoirs de la vulnérabilité à télécharger juste ici

 

Envie d’agir vous aussi pour l’inclusion des personnes autistes en entreprise ? Soutenez le travail formidable de l‘association de Jean-François Dufresne Vivre et travailler autrement. Pour les soutenir, c’est ici

 

4
Médiathèque
Pour aller encore plus loin

À VOIR

  • Un homme, un vrai. Adaptation en série du roman de Tom Wolfe sur le président d’une entreprise qui refuse l’échec à tout prix. 

À LIRE

  • Le meilleur des mondeschef d’oeuvre d’Aldous Huxley qui prédisait avec 100 ans d’avance le Wifi, Skype, et même les manipulations génétiques.

"Faire le tour du monde, c’est faire le tour de soi-même."

C’est ce que disent les marins, et c’est tout l’objet du voyage du Tour du Monde des Vulnérables. 

Ce qui vous attend la semaine prochaine :

La semaine prochaine, on parlera vulnérabilité du monde. On parlera planète, écologie, nature, car notre planète et nos écosystèmes sont éminemment vulnérables… et c’est là leur force. 

Ce sera d’ailleurs le tout dernier épisode du Tour du Monde des Vulnérables. 

Et d’ici là…

Bon vent !

Pas encore inscrit ? Inscrivez-vous ci-dessous pour ne pas manquer les prochains épisodes du Tour du Monde des Vulnérables :

EMBARQUEZ
ET COMMENCEZ
LE PARCOURS