Le tour du monde des vulnérables

Une Odyssée en 10 épisodes
à la découverte des pouvoirs de la vulnérabilité

- EPISODE 8 -
Les individus vulnérables

Comprendre

Un récit et des théories pour comprendre les bases

Ressentir

Un témoignage inspirant à regarder ou écouter

Expérimenter

Des expériences pratiques pour passer à l’action

Bienvenue à bord du Tour du Monde des Vulnérables : chaque semaine, une navigation en 3 temps pour explorer les pouvoirs de la vulnérabilité.

Durée : 25 min (dont 7 de lecture et d'introspection), avec le grand témoignage d'Alexis Burnod

VOTRE PROGRESSION : 8/10

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Comprendre
On pose les bases de la vulnérabilité

Bienvenue sur le Tour du Monde des Vulnérables ! Ce Tour du Monde, c’est comme une série Netflix : il vaut mieux commencer par le premier épisode.

Si vous avez manqué le début, c’est par ici

Dans la vie, les occasions d’apprendre sont partout – tout dépend en réalité de la manière dont on regarde les choses. 

Par exemple : avez-vous déjà regardé attentivement une éponge ? 

Cette éponge ne s’appelle pas Bob.

Un bien étrange animal, qui est ce qu’on appelle “homéomère”, puisqu’il n’est qu’un constitué que d’un seul matériau homogène. 

Sans bouche ni appareil digestif, l’éponge n’a qu’un seul moyen de se nourrir : filtrer l’eau (jusqu’à 20 000 fois son volume initial par jour). En revanche, si jamais une éponge est tirée hors de l’eau et exposée à une température élevée, elle va se dessécher… et perdra son pouvoir absorbant. 

Pour lui redonner, il faudra à nouveau l’humidifier. Parce qu’une éponge déjà humidifiée est plus absorbante. 

Où on veut en venir ? Il en va de même avec la vulnérabilité. Les personnes déjà exposées à la vulnérabilité seront plus à même d’y être réceptives. Alors que les individus “desséchés” devront, quant à eux, être immergés pleinement pour retrouver un pouvoir d’absorption

Cliquez sur les flèches pour absorber l’eau

Mais sortons de la salle de bains. Après deux modules consacrés à l’introspection, le Tour du Monde des Vulnérables a enfin franchi le passage délicat du cap de la transformation pour entrer dans l’océan VULNERABLE

Au programme des prochains épisodes ? Un aperçu des enjeux liés à la vulnérabilité de nos entreprises et de la planète. Mais aujourd’hui, on commence par parler de la vulnérabilité des individus. 

 

L'OCEAN VULNERABLE : LES INDIVIDUS VULNERABLES

Qui sont-ils, ces fameux individus vulnérables ? On l’a déjà expliqué dans le module 1 : la vulnérabilité est avant tout une capacité à être blessé. Nous sommes donc, dès l’instant où nous naissons, tous vulnérables.

Pour autant, tout le monde n’a pas nécessairement fait l’expérience de la vulnérabilité – on peut être blessable mais n’avoir jamais été blessé. C’est une fois blessé ou amoindri que, de vulnérable, on peut devenir fragile.

Selon une étude IFOP 2024, 57 % des Français ont déjà vécu au moins une situation de fragilité, et 27 % plusieurs expériences. 

Parmi celles-ci, voici les plus fréquentes :  

Les expériences de vulnérabilité les plus répandues : 

Ces expériences de fragilité peuvent être totalement différentes selon que l’on peut s’appuyer sur des proches – ou pas. Toujours selon l’étude, 44 % des Français ont déjà accompagné une personne dans des situations de fragilité telles que : 

Les expériences de vulnérabilité que les Français accompagnent le plus régulièrement : 

Qui sont ces aidants ? Qui sont ceux vers qui l’on se tourne dans un moment de vulnérabilité ?  

Qui sont les aidants ?

Sans surprise, c’est d’abord vers la famille que l’on se tourne dans un moment difficile. Au-delà des épreuves passagères, on estime que plus de 9 millions de personnes en France accompagnent chaque jour des proches en situation de dépendance durable. Avec tout ce que cela demande de disponibilité, d’inquiétude, de fatigue… Parmi eux, 5 millions exercent en même temps une activité professionnelle. 

Et même si accompagner un proche dans une épreuve constitue en soi une épreuve, celle-ci n’est pas sans contrepartie. 

Comme le souligne le médecin en soins palliatifs de l’institut Curie, Alexis Burnod. C’est notre grand témoin de la semaine : 


Aidant et aidé, chacun aide l’autre dans un vrai cercle vertueux »
Alexis Burnod

Pouvoir compter sur sa famille, c’est important. Mais en même temps, la position largement dominante de la famille dans l’accompagnement des vulnérabilités dit une chose : celle-ci reste aussi un tabou confiné à la sphère familiale. 

En moyenne, seul 1 français sur 2 s’est tourné vers un ami pour traverser ce genre d’épreuve… 

La solitude qu’on peut éprouver face à une situation de vulnérabilité qu’on voudrait cacher aux yeux de tous.

Tout l’enjeu du changement de regard sur la vulnérabilité est là : décloisonner la prise en charge de nos vulnérabilités pour soutenir davantage les personnes qui la traversent… mais aussi mieux partager ses enseignements. On a énormément à apprendre à côtoyer davantage les plus vulnérables, et il serait grand temps de prendre conscience de la richesse qu’ils peuvent nous apporter. 

D’abord parce que ce sont des personnes qui ont été durablement et profondément transformées par leurs expériences vulnérables : 

  • dans 90 % des cas pour les individus directement concernés
  • dans 77 % des cas pour les aidants

La vie à proximité d’une personne fragile nous rend plus humain – c’est ce qu’ont très bien montré des films comme Intouchables ou Un p’tit truc en plus

Mais très concrètement, elle permet aussi aux aidants de développer de nouvelles compétences : 

Le plus beau ? C’est que ces compétences correspondent précisément aux compétences professionnelles qui, selon le Forum Économique Mondial de Davos, seront les plus recherchées à partir de 2025 (Future of Jobs Report, 2020). 

Et si la vulnérabilité était source des talents de demain ?

Pour autant, la proximité avec la vulnérabilité n’est pas forcément chose aisée. Il n’est pas jamais évident d’accompagner un proche dans une traversée aussi mouvementée que peuvent l’être ce genre d’épreuves, ni d’affronter ses peurs. 

Evidemment, la première réaction est souvent une tentation de fuite. Elle est parfaitement légitime, et elle peut survenir aussi bien instantanément qu’un peu plus tard. Dans ces moments, s’accorder un moment de répit peut être très judicieux pour reprendre courage avant de retourner soutenir votre proche – en évitant bien sûr la fausse compassion, la pitié, le misérabilisme ou l’évitement. 

Et pour l’aider au mieux, une fois auprès de lui, il est essentiel – pour être un bon aidant – d’abandonner trois idées fausses – qu’on pourrait appeler les 3S :

  • la Solution de facilité
  • le Sauveur tout puissant
  • le Silence embarrassant

Idée fausse #1 : la solution de facilité

Dans une société où il suffit de 2 clics pour qu’une pizza arrive en bas de chez vous, on a pris l’habitude de privilégier les solutions faciles et efficaces. Et pourtant, face à la vulnérabilité, l’approche problème/solution ne fonctionne pas. Pourquoi ? Parce que la vulnérabilité n’est pas un problème à résoudre et à mettre de côté – mais plutôt une présence avec laquelle il faut apprendre à vivre à long terme pour en tirer les fruits. 

Chercher à mettre un couvercle sur ces problèmes, c’est comme laisser une cocotte minute fermée trop longtemps : on prend le risque qu’elle explose à tout moment…

Idée fausse #2 : le sauveur tout puissant

Quand l’un de nos proches va mal, on peut, assez légitimement, être tenté de chercher à le sauver. Bonne idée ? Attention. Comme l’a montré le psychiatre américain Stephen Karpman dans sa théorie du « triangle dramatique » : en voulant résoudre le problème à la place de l’autre, on le prive de sa propre puissance d’agir et on l’enferme dans une position de victime… qui peut encore accroître le problème. Et le sauveur peut vite devenir le persécuteur… 

Pour éviter ça ? Assurez-vous que la personne formule clairement une demande d’aide et que vous disposez d’une expérience légitime pour y répondre.  

Idée fausse #3 : le silence embarrassant

Quand une voiture tombe en panne, il faut bien sûr chercher activement des solutions pour réparer. Mais face à des situations de vulnérabilité extrême (maladie grave, deuil, divorce, licenciement…), il faut avoir une approche différente. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de vraiment de bon conseil ou de bonne solution. 

Comme le disait Anne-Dauphine Julliand dans l’épisode précédent : “il faut parfois comprendre qu’il n’y a rien à comprendre”. Face à cela, certaines phrases ou certains conseils simplistes peuvent être non seulement vains, mais aussi blessants. Il faut aussi éviter de réduire la personne à son drame et ne pas lui fermer les portes de la vie de tous les jours, avec tout ce qu’elle a de banal. 

Parfois, l’écoute, l’empathie, les preuves d’intérêt peuvent suffire. Parfois, un silence attentif peut, comme le dit le dicton, être véritablement d’or. 

Quand le silence est d’or…

Le psychologue Carl Rogers a d’ailleurs théorisé une forme d’écoute appelée « approche centrée sur la personne » (ACP), qui consiste à développer une « écoute active » qui se décentre de soi, des représentations et des solutions qu’on peut être tenté de mettre en avant. Dans cette écoute, il faut oublier son propre ressenti ou ses propres expériences. Ne pas être dans le dialogue, mais dans la “maïeutique”, qui consiste, telle une sage-femme, à accompagner l’autre dans la formulation de ses ressentis

—-

Trop souvent, on croit que la vulnérabilité est un sujet intime, à n’aborder que dans le cadre de la famille ou des très proches. On crée ainsi une distance entre les individus les plus vulnérables et les autres qui nous privent d’immenses enseignements. Comme le dit Alexis Burnod : la proximité des plus fragiles nous humanise, elle révèle et décuple notre humanité. 

En nous rapprochant et en sachant être à l’écoute, on peut à la fois gagner en connaissance de soi et en capacité de vivre ensemble. 

Rester en prise avec la vulnérabilité des autres, partager ses émotions, partager même ses larmes, parfois, c’est aider à faire en sorte que l’éponge ne se craquelle pas et qu’elle garde son pouvoir absorbant. 

Alors soyons vulnérables, mais surtout, soyons proches. 

Comme chaque semaine dans le Tour du Monde des Vulnérables, découvrez les récits de nos grands témoins dans « Ressentir », puis apprenez à partager vos vulnérabilités dans « Expérimenter ».

Alors, on continue ?

Les expériences de vulnérabilité que les Français accompagnent le plus régulièrement : 

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Ressentir
Un témoignage inspirant à regarder ou à écouter

ALEXIS BURNOD : CONSENTIR à l'imprévu

Ancien urgentiste, le médecin Alexis Burnod s’est tourné vers les soins palliatifs à l’Institut Curie. De là, il est un observateur privilégié de la situation d’extrême vulnérabilité qu’est la fin de vie. Et pourtant, derrière la tristesse, on trouve aussi souvent une vraie richesse dont Alexis a bien voulu témoigner. 

Retrouvez les histoires de tous nos grands témoins en version podcast sur notre page SoundCloud.

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Expérimenter
Des expériences pratiques pour passer à l'action

« La connaissance s’apprend par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » disait Einstein.

Seule l’expérience transforme vraiment le coeur des hommes. Et vous aider à vous transformer, c’est bien notre ambition ! 

Chaque semaine, nous vous proposons une expérience pratique pour vous reconnecter à votre vulnérabilité ou à celle des autres. 

1/ Votre dernière conversation vulnérable
Passez en revue votre dernière conversation avec une personne particulièrement fragile. Avez-vous été piégé par l’une des trois fausses bonnes idées ? Avez-vous : 
 
– suggéré des solutions de facilité ?
– joué le rôle du sauveur ? 
– craint l’embarras du silence ?
 
Si oui, ce n’est pas grave. Mais ayez en tête, la prochaine fois, que d’autres stratégies d’écoute sont possibles, et qu’elles seront peut-être encore plus utiles à vos proches. 
 
2/ Oser la résonance des vulnérabilités
Osez la rencontre avec des personnes fragiles. Cela peut-être :
 
Une personne âgée : passer un coup de fil à une personne de notre cercle familial ; ou prendre le temps d’une discussion avec une personne âgée de notre immeuble ou de notre quartier 
Une personne en situation de handicap (mental ou physique), que vous n’oseriez pas aborder habituellement
Une personne malade ou endeuillée dont la situation vous gêne (proche, collègue, voisin…) 
Une personne sans-abri, devant laquelle vous avez l’habitude de changer de trottoir
 
Pour être dans un cadre accompagné, voici les associations avec lesquelles il est possible de faire cette rencontre : 
 
– Boire un café dans un Café Joyeux 
– Faire une rencontre nomade avec Entourage
– Aller partager un déjeuner dans le réseau des Petites Cantines 
– Passer un coup de fil à une personne isolée avec Au bout du fil
 
Mode d’emploi : 
1/ Le format vous appartient, cela peut être une discussion de 10mn ou de 2h. L’important est d’avoir un vrai échange ; 
2/ Soyez simplement vous-mêmes, armé de vos forces… et de vos vulnérabilités ;
3/ N’oubliez pas les 3S ! Inutile de chercher à aider la personne ou encore moins à la sauver. Essayez de mettre en pratique l’écoute active et regardez quelles sont vos réactions et les siennes ;
4/ Essayez d’identifier ce que cette expérience d’écoute a généré dans votre relation.
5/ Nul besoin de mode d’emploi ; l’important est de dépasser sa gêne et de se lancer !
 
La semaine prochaine, nous vous demanderons un rapport d’étonnement sur cette expérience. Hâte d’avoir vos impressions !
 

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Médiathèque
Pour aller encore plus loin

À VOIR

  • Un p’tit truc en plus, film d’Artus racontant le séjour improvisé de deux fuyards dans une colonie de vacances pour adultes handicapés. 
  • Intouchables, de Nakache et Toledano, sur la relation de proximité nouée entre un aidant et un aidé. 

À ECOUTER

  • Clichés, le podcast de la Croix-Rouge française produit par Louie Média, sur la richesse des rencontre des plus vulnérables.

À LIRE

  • L’homme étoilé, formidables compte Instagram et récits dessinés des rencontres d’un infirmier en soins palliatifs
  • Les Vulnérables, par Belinda Cannone, recueil de nouvelles qui plongent dans le quotidien de différentes formes de vulnérabilité. 

"Faire le tour du monde, c’est faire le tour de soi-même."

C’est ce que disent les marins, et c’est tout l’objet du voyage du Tour du Monde des Vulnérables. 

Ce qui vous attend la semaine prochaine :

La semaine prochaine, on parlera vulnérabilité en entreprise. Comment parler de ce sujet dans des organisations qui semblent avant tout tournées vers la quête de la performance à tout prix ? On évoquera des entreprises qui ont su créer des modèles innovants et vertueux en plaçant la vulnérabilité au coeur de leur fonctionnement. 

Et d’ici là… 

Bon vent !

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