Le tour du monde des vulnérables
Une Odyssée en 10 épisodes
à la découverte des pouvoirs de la vulnérabilité
- EPISODE 4 -
LES YEUX DANS LE BLEU
Bienvenue à bord du Tour du Monde des Vulnérables : chaque semaine, une navigation en 3 temps pour explorer les pouvoirs de la vulnérabilité.
Durée : 30 min (dont 7 de lecture), avec le grand témoignage de Gringe
Comprendre
Un récit et des théories pour comprendre les bases
Ressentir
Un témoignage inspirant à regarder ou écouter
Expérimenter
Des expériences pratiques pour passer à l’action
VOTRE PROGRESSION : 4/10
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Bienvenue sur le Tour du Monde des Vulnérables ! Ce Tour du Monde, c’est comme une série Netflix : il vaut mieux commencer par le premier épisode.
Si vous avez manqué le début, c’est par ici.
Ce soir est un peu spécial : c’est votre première nuit loin de la Terre.
Après des années de préparation, le grand moment est enfin arrivé : vous venez de poser le pied à bord de la station spatiale internationale. Sitôt débarqué, vous avez suivi un protocole très précis.
Entre l’attente pré-décollage, le stress du départ, le transfert et l’embarquement, la journée a été longue. Vient l’heure du coucher. Vous vous dirigez vers votre couchette mais, au moment de vous allonger, une pensée vous traverse…
Un premier soir hors de Terre, ça se fête, non ?
Voilà à peu de choses près ce que s’est dit Claudie Haigneré, première Française dans l’espace, le 17 août 1996, en arrivant à bord de la station MIR. Juste avant de dormir, elle s’est glissée hors de sa couchette, a pris son walkman, et elle s’est offert un instant de grâce…
Comme Claudie Haigneré, admirez la Terre depuis l’espace avec dans les oreilles un air de Maria Callas (idéalement en plein écran).
Quand les astronautes observent la Terre depuis l’espace pour la première fois, ils vivent ce qu’on appelle l’overview effect. En changeant de point de vue, en inversant la perspective, ils réalisent à quel point cette petite boule bleue est une oasis fragile dans l’immensité du vide intersidéral.
De sentir à quel point cet écosystème est fragile, à quel point il est vulnérable, on se sent d’autant plus proche de lui. On ressent, tout à coup, une immense proximité avec la planète et l’humain.
Et ce face-à-face avec la vulnérabilité nue, sans masque, génère une émotion intense…
Dans ce nouvel épisode du Tour du Monde des Vulnérables, on plonge les yeux dans le bleu. Bleu de l’espace, bleu de l’océan, ou bleus à l’âme : on s’intéresse au troisième pouvoir de la vulnérabilité : la créativité et l’inspiration.
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LE TROISIEME POUVOIR : CREATIVITE ET INSPIRATION
Dans les épisodes précédents, on a examiné les deux premiers pouvoirs de la vulnérabilité :
1 – mieux se connaître
2 – renforcer nos liens avec les autres
La vulnérabilité a aussi un troisième pouvoir : elle inspire et favorise la créativité.
Que l’on soit seul dans l’espace, face à la terre, ou seul sur un bateau, face aux étoiles et à la mer, être confronté à une situation de vulnérabilité crée une connexion avec l’environnement qui nous inspire et nous rend plus sensible à la beauté.
C’est ce qui ce passe avec l’overview effect des astronautes : c’est littéralement un saisissement. Quelque chose nous happe et nous fait voir les choses différemment…
Le renversement de perspective de l’overview effect
Au Japon, la sensibilité aux choses vulnérables porte un nom. Le “nagori” désigne la trace que laissent les vagues sur la plage et fait plus largement écho à la nostalgie des choses qui disparaissent.
Le Nagori, ou la nostalgie des choses qui disparaissent
Ressentir la vulnérabilité de notre environnement peut parfois exalter nos propres ressentis intérieurs. C’est d’ailleurs le cas dans l’histoire de l’art.
Si la prise de conscience de la vulnérabilité de l’environnement peut-être un premier déclencheur artistique, il existe plein d’autres manières dont la vulnérabilité peut devenir un moteur créatif.
Plusieurs grands artistes ont ainsi placé la vulnérabilité éprouvée dans leur propre corps ou esprit au centre de leur processus créatif :
Beethoven : surdité
Toulouse-Lautrec : infirmité
Chardin, Monet : myopie
Grand Corps Malade : handicap
Nerval, Van Gogh : bipolarité
Billie Eilish : dépression
John Nash (prix Nobel) : schizophrénie
Glenn Gould : syndrome d’Asperger
Hypersensible, Zaho de Sagazan explique souvent, pendant ses concerts, avoir longtemps détesté cette sensibilité qui générait chez elle de si grandes souffrances. Jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle pouvait en faire des chansons… et aller danser sous l’orage.
“Il fait toujours beau au-dessus des nuages,
mais moi si j’étais un oiseau, j’irais danser sous l’orage”
C’est d’ailleurs ce dont témoigne Gringe, rappeur hypersensible et notre grand témoin de la semaine :
Je ne sais pas faire de projets sans y injecter ma sensibilité»
Retrouvez le témoignage complet de Gringe dans la partie « Ressentir » de ce module.
Outre la contemplation de sa propre vulnérabilité, ressentir celle de ses proches est souvent aussi une expérience fondatrice qui change radicalement notre approche de la vie.
Par exemple, connaissez-vous le point commun entre tous ces artistes ?
On peut faire le deuil d’un proche, mais aussi, parfois, d’une partie de soi. Ces sportifs, entrepreneurs, auteurs ou autrices ont vécu des épreuves qui ont aussi été de nouveaux départs :
Philippe Croizon, devenu athlète, aventurier, chroniqueur et conférencier après l’amputation de ses 4 membres
Swann Périssé, devenue suivie sur les réseaux sociaux après avoir raconté sa rupture par mail
Olivier Goy, qui a créé le mouvement Les Invicibles après son diagnostic de sa maladie de Charcot
- Anne-Dauphine Julliand, qui raconte le bouleversement causé par la perte de ses enfants…
Vous retrouverez les témoignages d’Olivier Goy et Anne-Dauphine Julliand dans les prochains épisodes du Tour du Monde des Vulnérables
Quiconque a connu le deuil ou la maternité sait la puissance des émotions que ces moments peuvent faire apparaître. Ces moments d’extrême vulnérabilité sont aussi générateurs de beaucoup de beauté et d’amour.
Sans parler de cette expérience de vulnérabilité bien plus intense qu’est la maladie, et notamment le cancer, comme en a témoigné la journaliste Clémentine dans son podcast “Mon combat contre le cancer” – à écouter absolument.
La vulnérabilité crée une brèche dans nos vies. On avait déjà cité Léonard Cohen :
« Il y a une faille en toute chose, c’est par là que passe la lumière »
Cliquez pour faire apparaître la lumière :
C’est aussi ce que dit autrement Boris Cyrulnik :
La vulnérabilité révèle toujours, par-delà l’épreuve, une grande beauté. Comme disait aussi Simone Veil :
« La compassion pour la fragilité est toujours liée à l’amour pour la véritable beauté, parce que nous sentons vivement que les choses vraiment belles devraient être assurées d’une existence éternelle et ne le sont pas.«
En ce sens, la vulnérabilité est une porte d’accès vers un « jamais vu », une expérience neuve, des idées neuves, des relations neuves.
Dans le prochain épisode, on verra comment la vulnérabilité peut nous inviter à nous engager pour un changement plus profond de nos sociétés à travers l’innovation, l’engagement, et l’envie de transformer radicalement nos modèles.
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C’est donc encore une raison d’accueillir la vulnérabilité (que ce soit la nôtre, celles des autres ou de la Nature) : elle nous fait changer de point de vue pour découvrir une beauté insoupçonnée. Changer de regard n’est pas simple, ça implique de changer ses habitudes, de perdre ses repères. Cela peut créer un vertige, comme ce sentiment de peur qu’on peut ressentir devant une grande profondeur.
Il faut parfois plonger pour, quand on relève la tête, s’apercevoir en fait que l’on a la tête dans les étoiles.
Comme chaque semaine dans le Tour du Monde des Vulnérables, découvrez les récits de nos grands témoins dans « Ressentir », puis apprenez à partager vos vulnérabilités dans « Expérimenter ».
On enchaîne ?
GRINGE : RAPPEUR HYPERSENSIBLE
Compère d’Orelsan qu’il connaît depuis ses débuts et qu’il accompagnait sur le canapé de Bloqués, Gringe est, de son propre aveu, un rappeur hypersensible. Dans son témoignage exclusif, il raconte comment sa vulnérabilité (la sienne, mais aussi celle de son frère schizophrène) est devenue le moteur de sa créativité et de son engagement.
Retrouvez le témoignage de Gringe en version podcast sur notre page SoundCloud
« La connaissance s’apprend par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » disait Einstein.
Seule l’expérience transforme vraiment le coeur des hommes. Et vous aider à vous transformer, c’est bien notre ambition !
Chaque semaine, nous vous proposons une expérience pratique pour vous reconnecter à votre vulnérabilité ou à celle des autres.
La semaine dernière, on vous a proposé de répondre aux 36 questions pour créer de l’intimité. Qu’en avez-vous pensé ?
Dites-nous tout en cliquant ici.
Exercice 1 : Vulnérabilité et beauté
Les expériences de vulnérabilité peuvent parfois révéler une beauté insoupçonnée. Remémorez-vous une expérience de vulnérabilité que vous avez vécue ou observée. Y avez-vous trouvé de la beauté ? Comme celle-ci s’est elle manifestée ? Par des émotions ? Des connexions ? Des images ? Des musiques ? Comment la décririez-vous ?
Faites l’exercice !
Exercice 2 : Changer de parcours
Et si, cette semaine, vous changiez de point de vue ? Notre méthode de cette semaine ? Casser la routine, en changeant de trajectoire pour rentrer chez soi, ou en changeant de moyen de transport.
Sortez des sentiers battus, puis ouvrez l’oeil : qu’est-ce que cela déclenche chez vous ? Quelles nouveautés découvrez-vous ? Ça peut-être une adresse, un bâtiment, un balcon particulièrement verdoyant, le détail de la façade d’un immeuble, une personne croisée sur ce nouvel itinéraire…
À VOIR
- Il m’a quittée par mail, le récit de la rupture de Swann Périssé.
- Virgin Suicides, film sur la beauté de l’enfance qui disparaît, de Sofia Coppola
- Rendez-vous en Terre Inconnue, ou aller à la rencontre de l’autre pour mieux se découvrir soi.
- La Vie est belle, de Roberto Benigni
- Patients, de Grand Corps Malade
À ECOUTER
- La Symphonie des éclairs, par Zaho de Sagazan
- Hypersensible, de Gringe
- Le Voyage d’Hiver, de Franz Schubert
- Oceano Nox, de Clara Ysé
- Ma vie face au cancer, récit poignant du combat d’une journaliste de Radio France.
- Aller dans l’espace et en revenir, l’interview de Claudie Haigneré
À LIRE
- Dans la combi de Thomas Pesquet, génialissime BD de Marion Montaigne sur le parcours d’un astronaute.
- Ensemble, on aboie en silence, de Gringe
- Nagori, ouvrage très poétique de Ryoko Sekiguchi sur la beauté des choses qui disparaissent.
"Faire le tour du monde, c’est faire le tour de soi-même."
C’est ce que disent les marins, et c’est tout l’objet du voyage du Tour du Monde des Vulnérables.
Ce qui vous attend la semaine prochaine :
On parlera du quatrième pouvoir de la vulnérabilité et sa capacité à inciter à nous engager pour innover et créer de nouveaux modèles de société.
À la semaine prochaine, et d’ici là…
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